Par Yves Noubissi, Directeur de programme MEA au sein d'un Groupe international dans les Télécommunications.
Le bouleversement occasionné par la Covid-19 est tel que son impact sera encore visible dans quelques années. Dans ce nouveau contexte Low Touch economy où le smartphone devient incontournable, il est évident qu’une véritable Transformation Digitale 360° représente une réelle opportunité pour l’Afrique. La digitalisation, généralement perçue comme la numérisation des données, est bien plus que cela. Il s'agit d'un changement radical de la manière dont les entreprises créent de la valeur.
Le constat est que de nombreuses entreprises africaines n’utilisent pas les processus et les canaux numériques aussi bien sur le plan interne qu’externe. Véritable pilier de la vie économique Africaine, les TPE/PME représentent à elles seules 90% du tissu entrepreneurial et totalisent 60% des emplois à l'échelle du continent. On enregistre également 1,08 milliard d’utilisateurs mobile et 453,2 millions d’internautes, soit un taux de pénétration de 34% en Janvier 2020.
Au-delà de toutes ces données sur la culture digitale, il est nécessaire de préciser que la digitalisation constitue un enjeu primordial pour de nombreuses entreprises encore en retard. De ce fait, il est vital pour celles-ci d’accélérer ce processus pour ne pas rester en marge. Dans ce contexte, les enjeux clés sont:
Primo, la conquête d’un marché digital Africain largement sous exploité. Devenir acteur est justement une autre opportunité : Être visible - Agir - Comprendre son marché et ses consommateurs.
Secundo, les gouvernements doivent jouer leur rôle en accompagnant les startups qui réussissent à dénicher les sujets porteurs pour qu’elles avancent dans les tests de concepts (PoC).
Tertio, une prise de conscience s’impose vue les dangers liés à la question sur la sensibilité des données numériques.
Devenir un acteur dans le domaine du digital, c’est faire le choix important de contrôler les dizaines, centaines voire les milliers d’informations et interactions qui circulent autour de ses marques et produits. Ceci passe par quatre recommandations majeures:
Recommandation 1: Les entreprises, pour se moderniser, doivent définir une réelle stratégie digitale 360° et ses objectifs :
Digitaliser les métiers de l’entreprise et simplifier les process,
Digitaliser l’expérience client et/ou la distribution,
Diminuer les coûts,
Quels axes prioriser dans la roadmap et avec quels experts travailler ?
Recommandation 2: Le top management doit se mobiliser autour du sponsor, instaurer une gouvernance, impliquer toute l’organisation, travailler en mode agile et prendre garde aux freins.
Recommandation 3: Les startups providers de solutions digitales, pour répondre à cette demande, doivent :
Concevoir des solutions globales et innovantes adaptées au contexte local,
Choisir un positionnement clair,
Définir une proposition de valeur ajustée aux différentes cibles,
Multiplier les Proof of Concept (pilotes).
Recommandation 4: Les gouvernements, pour soutenir le secteur, doivent :
Bâtir une stratégie à long terme pour soutenir la filière,
Encourager la recherche scientifique et technologique en soutenant les startups locales,
Impliquer et former la jeunesse aux nouveaux métiers,
Créer une plateforme de coopération mutualisée.
En conclusion, la digitalisation représente une chance à long terme pour l’Afrique. Une véritable opportunité de faire un pas de géant dans un domaine où seule la matière grise est essentielle. Elle doit être considérée comme un outil de stratégie économique. Il s’agit avant tout d’une question d’avenir et de souveraineté. Les gouvernements africains doivent monter en puissance en accompagnant tous les acteurs en particulier le secteur privé (startups). Une politique de protection des données des utilisateurs et des investissements est vitale.
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