Q&R Exclusif de Trusted Magazine avec Jean Luc Nzoubou, CEO @ Advans Banque Congo
Comment pourriez-vous décrire votre carrière professionnelle en quelques mots ?
Depuis que j’ai embrassé la vie professionnelle il y a 28 ans, mon parcours est une succession de rencontres, les unes plus belles que les autres, avec des personnes qui m’ont accordées leur confiance et d’autres qui ont trahi la mienne, mais surtout, avec des objectifs chaque fois plus élevés qui m’ont amené à être toujours en situation de donner le meilleur de moi-même. Après un début en Cabinet Mure, un des pionniers camerounais du conseil et de l’audit, j’ai passé l'essentiel des deux dernières décennies chez Advans. Je suis resté aussi longtemps dans ce groupe international de Microfinance, en raison de l'alignement de mes valeurs personnelles avec celle de Advans. J’ai pu retrouver la synthèse entre l’effort et le plaisir dans l’implantation d’Advans au Cameroun et en Côte d’Ivoire, son redéploiement au Nigeria et le pilotage d’un nouveau départ en République Démocratique du Congo depuis six mois. Et chaque fois que je suis amené, à l’occasion d’une nouvelle offre, reconsidérer mes options professionnelles, la question des valeurs est essentielle. Pour moi, ce sont elles qui expliquent bien souvent, les succès ou les échecs de certains projets professionnels.
Quelle a été votre expérience la plus difficile et cela a-t-elle changé votre état d'esprit ?
La difficulté, je ne l’ai jamais perçue comme telle. Pour moi, il s’est toujours agi d’un challenge nouveau, d’une occasion de puiser au fond de mes ressources, d’améliorer mes savoirs et mes aptitudes. De sorte que le jour où j’ai lu la citation de Nelson Mandela disant, "Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends", c’est très aisément que je la suis appropriée, tellement elle décrivait mon être et mon vécu. Je ne veux pas dire par là que je n’ai pas été exposé à des challenges difficiles à relever. Il y a eu des moments, comme à mon arrivée à Abidjan où j’ai décuplé mon énergie pour m’adapter à la fonction commerciale, ayant plutôt une expérience sur les fonctions support. J’ai connu des moments similaires au Nigeria lorsqu’il a fallu convaincre mes équipes que nous pouvions faire beaucoup mieux, alors qu’ils s’en sortaient déjà plutôt bien. Tant qu’il s’agit des dimensions « business », ces challenges sont aisément adressables. Ils le sont beaucoup moins toutes les fois qu’ils viennent de personnes en qui j’ai investi du temps, de la confiance ; de personnes pour lesquels j’ai obtenu que des projets taillés sur mesure leurs soient confiés. L’échec dans ces cas m’a semblé chaque fois comme autant de trahisons et autant de rêves détruits. C'est malheureusement de plus en plus fréquent aujourd'hui parce que les repères de la majorité de la jeunesse ne sont plus viables. Cela ne me décourage pas, car j'apprends et ne me fatigue pas d'apprendre.
Quand vous êtes surpris par un contexte inhabituel ou incertain, comment réagissez-vous ?
Ma philosophie managériale est globalement structurée autour du « Communicative Organisation » ; faite d’agilité, de flexibilité, de prédictibilité et d’anticipation sur la structure organisationnelle. Ceci améliore ma malléabilité face aux variations et la clairvoyance des décisions que je suis amené à prendre. En tant que manager, je dois tout mettre en œuvre pour limiter les surprises et à tout le moins en limiter les conséquences. Mais chaque fois qu’une hypothèse nouvelle apparait dans mon activité, je fais confiance à mes équipes, je m’appuie sur la structure organisationnelle, je puise dans l’histoire, les valeurs et les fondamentaux de notre groupe. Systématiquement, je m’efforce à savoir si c'est une opportunité ou une menace. Ma réponse et celle de mes équipes me permettent d’agir en conséquence.
Quel est le facteur clé de succès le plus important pour vous en fonction de votre expérience ?
C'est L'ÉQUILIBRE, vie privée, vie professionnelle et vie spirituelle. Beaucoup de mauvaises décisions, celles-là même qui changent des trajectoires dans une vie, sont prises dues à l'absence de cet équilibre.
Quel serait l'écueil majeur qui pourrait nuire à la réussite d'un leader ?
De mon expérience, le danger le plus important que court est manager, qu’il soit leader ou non, c’est le fait d’oublier son rôle. Du fait d’une certaine routine, beaucoup en viennent à ne plus être conscient que leur mission principale, leur objectif majeur est celui de conduire son équipe vers un but partagé. Le leader doit donc en permanence créer les conditions pour que la vision reste active et l'équipe reste engagée à ses côtés pour aller dans la bonne direction.
Quelles sont les pratiques managériales que vous considérez prioritaires à développer ou à renforcer ?
Il y a beaucoup de théories sur le management. Ces approches évoluent d'ailleurs chaque jour. Mais ce qui est essentiel, pour moi, c'est celle de l'agilité managériale. Une organisation agile qui place le capital humain au centre ; qui équipe convenablement ses femmes et hommes, qui assure qu’ils soient bien formés en permanence coachés et suffisamment motivés. Le cœur de ma vision managériale est dans la recherche de la fragile adéquation entre les objectifs que j’assigne à mes équipes et la capacité de chacun des femmes et hommes qui la constituent, de les atteindre. Il en ressort 2 pratiques managériales, le management agile et le management de la performance qui sont, de mon point de vue, celles que je considère comme prioritaires.
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