Q&R Exclusif de Trusted Magazine avec Moulaye Abdoul A Sall
Comment pourriez-vous décrire votre cheminement de carrière en quelques mots ?
Je suis un jeune Sénégalo-Français, qui est né au Sénégal mais a grandi à Amiens en Picardie. Ayant été éduqué par mes grands frères, entrepreneurs de longue date, j’ai commencé a travaillé relativement jeune. J’ai eu l’occasion de faire la plonge dans un restaurant, j’ai évolué en tant qu’homme sandwich avant de devenir chef d’équipe, et de devenir après mon Baccalauréat un commercial pour l’entreprise de mon frére, Econ’homa. À mon retour au Sénégal je crée mon label de musique en 2011 Wakh Art Music, avec lequel je produits une dizaine d’artistes et groupe locaux, met en place mes premiers événements et exprime généralement ma passion pour les industries créatives et culturel. Par la suite en parallèle d’un poste de KAM (Key account manager) à Jumia, je lance ma petite manufacture d’eau en sachet jusqu’en 2015 (WAW soit Wakh Art Water), l’activité s’arrêtera suite à l’interdiction des sachets plastique. J’ouvre par la suite un restaurant (Dibiterie) au nom de Dib N Dips, et lance l’agence de communication digital, Usine Digitale avec un partenaire et mentor local du nom d’Abdou Dieng, maintenant CEO d’Adafri. L’agence possède actuellement une trentaine de clients tel que le groupe Teyliom, le ministére des finances, et autres grandes institutions tel que l’ADEPME, sans oublier un grand nombre de « petits » clients a qui nous offrons des solutions afin de se digitaliser. En tant que consultant je collabore depuis presque 3 ans avec Aza Finance en tant que représentant marketing et Relation publique en Afrique de l’Ouest. Ce travail est une réel fierté pour moi au regard de l’importance de l’entreprise qui est aujourd’hui le premier opérateur non bancaire de paiements transfrontaliers dans le monde. Depuis 4 mois j’effectue le même travail pour FTX, aujourd’hui deuxième plus importante plateforme d’échange de crypto monnaies dans le monde en plus d’être un ambassadeur de la marque. C’est ainsi qu’en fin juin 2022 je m’associe à Guichet.ma afin de déployer la solution sur l’Afrique de l’Ouest, et que nous créons ensemble Guichet.sn qui n’est que le premier pas vers le reste de l’Afrique Francophone.
Quelle a été votre expérience la plus difficile et cela a-t-elle changé votre état d'esprit ?
Pour moi, l’expérience la plus difficile fut la prise de conscience de ma personne (Physique, Psychologique et spirituel) en tant que véhicule de mes ambitions et gage de ma qualité de travail. je m’explique, étant adepte du multitasking à l’extrême et éternel entrepreneur il m’a été difficile d’appréhender, qu’afin d’avoir du succès dans mes entreprises, il me faudrai évoluer en permanence à la hauteur de mes ambitions, ce qu’on appelle communément « self-actualisation ». En effet, cet effort perpétuel pour se mettre a niveau en terme de connaissance, en terme de management face à des équipes et collaborateurs diverses. Ce travail constant pour rester en forme en pratiquant une activité sportive régulièrement et constamment remettre en cause mes choix, mes processus et mes résultats, constitue à mon humble avis l’expérience la plus difficile à vivre et à accepter. Bien entendu, cela va sans dire, que de facto, cela suppose une évolution constante de mon état d’esprit, et une résilience sans failles face aux échecs et difficultés, afin d’apprendre au maximum à chaque étapes et devant toutes situations. Cette expérience continue à l’instant même où je réponds à vos questions, je me définis, me remémore et me projette.
Quand vous êtes surpris par un contexte inhabituel ou incertain, qu'en pensez-vous ?
Face à un contexte inhabituel ou incertain je tends a me reposer sur mes équipes et personnes ressources. Il m’a été permis d’apprendre très jeune que la ressource la plus importante pour un entrepreneur demeure la ressource humaine. Et c’est une réalité encore plus vivace en Afrique où les communautés et groupements d’intérêts s’enchevêtrent à l’infini, il y’a les ethnies, les classes sociales, les religions ou communautés religieuse, etc.. . Il est essentiel d’entretenir de bonnes relations avec toutes les communautés, mais aussi de disposer de personnes ressources/relais pour toutes situations. En réalité en dehors des salles de classe, il est difficile d’apprendre rapidement afin de s’adapter, bien entendu le digital apporte des solutions pratique et inédites pour trouver des réponses à toutes vos questions. Mais pour ma part je préfère m’adresser à ceux qui possèdent plus d’expérience ou de connaissance que moi face à un sujet ou un problème. Aujourd’hui je suis fier de disposer de mentors tel que Oureye Diop CEO d’Innove Africa ou Brahim Derwiche CEO et fondateur d’IPC, pour répondre à mes questions et inquiétudes.
Quel est le facteur clé de succès le plus important pour vous en fonction de votre expérience ?
Selon moi, et même si je ne me considère pas encore à ce niveau qu’on appelle « succès », l’une des clés du succès est la conscience de son environnement. Le marketing ou même l’entreprenariat sont en pratique, des activités relevant d’une science foncièrement social. L’observation du marché ou des marchés, l’observation des consommateurs et de nos contemporains, l’adaptation aux mutations sociales est primordiale pour apporter les bonnes solutions aux bons moments, pour nos clients et partenaires. Comprendre que le monde ne s’arrête pas à notre pas de porte, que les profils de nos interlocuteurs sont aussi diverses et variés que les stratégies, et que seul une réelle empathie permet de communiquer efficacement. Et même lorsqu’il s’agit de créer une entreprise, ce qui en mon sens, doit apporter des solutions à ses clients ou utilisateurs, si l’on ne comprend pas les besoins, on ne pourra jamais réussir durablement.
Quel serait l'écueil majeur qui pourrait nuire à la réussite d'un leader ?
Comme pour les raisons d’un succès, les raisons derrière l’échec d’un projet ou d’une personne sont multiples. Cependant, je crois qu’un leader est en danger, lorsqu’il arrête de se remettre en question. De par sa nature le leader, guide, décide et agi souvent seul, et cette capacité à croire en son projet de façon singulière est la raison pour laquelle il se lance dans un projet ou une entreprise. Mais ces même raisons, peuvent le mener à sa perte car tout au long du processus de développement de son projet, le leader évolue et s’éloigne de celui qu’il était à l’origine. Dès lors il prend le risque de ne pas valoriser ses collaborateurs à leurs juste valeurs, il s’expose à appréhender le marché au regards de ses objectifs ou résultats et surtout il tend à négliger les besoins de ces utilisateurs et clients à cause de ses expériences récentes.
Quelles sont les pratiques managériales que vous considérez prioritaires à développer ou à renforcer ?
Je pense qu’il est essentiel tout d’abord de déterminer quelles sont nos qualités en tant que manager. Certaines personnes ont du mal avec les choix difficiles comme les licenciements ou retrait de certains produits de leurs offres, d’autres n’auront pas la lucidité de célébrer leurs victoires ou de féliciter leurs collaborateurs lorsque cela est mérité. Dès l’instant où l’on connait ces limites, alors il devient judicieux de recruter des ressources humaines capable de nous suppléer ou de combler nos carences. Par ailleurs en tant que manager le meilleur outil, reste pour moi, la communication honnête avec l’ensemble des équipes. Je partages de façon hebdomadaire nos résultats, nos difficultés ou même mes peurs en tant que dirigeant, avec l’ensemble de mes collaborateurs. Tout en leurs permettant à eux-aussi, de s’entretenir avec moi sur les problèmes ou ambitions qu’ils peuvent avoir. Cela est très important car beaucoup de Start-ups, ne disposent pas d’un DRH, ou n’ont juste pas le temps de créer des liens avec leur employés et collaborateurs. De la même manière nous organisons un apéro chaque vendredi afin d’échanger sur les frustrations de la semaine, remettre a plat les tensions et célébrer la poursuite de nos rêves à travers ce travail que nous aimons tant.
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