Q&R avec Moustapha SOUMAHORO

Q&R Exclusif de Trusted Magazine avec Moustapha SOUMAHORO

Quelle a été votre expérience la plus difficile et cela a-t-elle changé votre état d'esprit ?

Mon premier gros projet, un évènement que nous avions pris pratiquement six mois à réaliser. L’idée était d’organiser une journée de relâche entre étudiant à Assinie. Nous avions réussi à déplacer des délégations de dix pays Africains. Et, au dernier moment, on nous annonça que les chambres qui avaient été réservées pour les recevoir n’étaient pas libres. L’université avait accusé un retard, donc les cours se poursuivaient toujours. Enfin de compte, nous fument obligés de les loger à l’université de Bouaké, à plus de 300 km d’Assinie. Nous étions juste la veille de l’évènement et je savais déjà que j’allais être obligé de l’annuler. En vérité, ces délégations représentaient plus de 85% de l’évènement, c’est-à-dire, de notre chiffre d’affaire, de notre réussite, et surtout de notre crédibilité. La plage était déjà aménagée et brandée par les sponsors et les partenaires s’y étaient installés. La majorité de l’argent des tickets vendus localement avait déjà été dépensée dans l’organisation. Après ça, j’étais en faillite, financièrement et moralement. Je me suis réfugié dans le doute, jurant de tout abandonner. Cette période a été l'hégire du manager que je suis devenu aujourd'hui. J’ai appris la résilience quel que soit l’épreuve.

Quel est le facteur clé de succès le plus important pour vous en fonction de votre expérience ?

La persévérance. Le succès n’est pas quelque chose qui s’obtient facile et banalement. Il résulte d’un long et laborieux processus. Quel que soit l’objectif que nous nous fixons dans la vie, la persévérance est un atout important, surtout pour un entrepreneur. Je peux affirmer en me basant sur mon expérience que la persévérance met en évidence notre mentalité, éprouve notre foi, et confronte notre courage et notre audace. C’est la voix qu’on entend quand tout le monde abandonne autour de nous, et que le reste du chemin parait insidieux. C’est la qualité clé qui nous aide à surmonter les obstacles qui se posent sur la route de notre succès. C’est un dogme à embrasser. Je pense fermement que la persévérance c’est aussi et surtout croire en soi. Cependant, je conseillerais de ne pas confondre persévérance et obstination. La persévérance se nourrit d’un apprentissage constant, et comme le dit Huxley, l'expérience, ce n'est pas ce qui nous arrive, mais ce que nous faisons de ce qui nous arrive. Aux antipodes de l’obstination qui ne mène à rien, puisqu’elle part d’une base fausse qui s’écarte de la réalité au fil du temps, c’est d’ailleurs le cas de beaucoup de porteurs de projet.

Quelles sont les pratiques managériales que vous considérez prioritaires à développer ou à renforcer ?

Je pense que des pratiques vraiment démocratiques et plus collaboratives sont prioritaires pour faire un bon management. Des objectifs clairs pour éviter le turn-over, un cadre et des règles communes afin que chacun puisse mieux s'organiser pour être plus efficace au travail et trouver le juste équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Développer également une culture apprenante favorable à l'épanouissement des talents. Ma stratégie en tant que manager a toujours été de faire de mes compagnies des lieux où l’on transforme sa passion en travail. Pour moi, les premiers rois ne sont pas nos clients, mais mes collaborateurs, ceux-là même qui sont prêts à partir au charbon pour assurer sur un projet, satisfaire un client afin de le garder, passer des nuits blanches à la recherche de l’idée qui fera grandir la compagnie. Selon moi, la posture que doit avoir un manager envers ses collaborateurs se base sur un bon état d’esprit et une communication à toute épreuve. J’ai dû prendre en compte très rapidement le fait que mes collaborateurs étaient pour la plupart des jeunes nés dans une nouvelle ère, et cette prise de conscience m’a beaucoup aidé à concevoir des façons de collaborer qui ont connues un franc succès.