Q&R Exclusif de Trusted Magazine avec Seynabou DIA SALL
Comment pourriez-vous décrire votre parcours professionnel en quelques mots ?
Un parcours indéniablement marqué par deux choses. La première, c’est cette volonté, chevillée au corps, de contribuer à changer le narratif sur le continent africain, et qui a réellement été la ligne qui a déterminé tous mes choix. J’ai eu la chance d’évoluer au sein d’organisations internationales, de découvrir le corps diplomatique, ce qui m’a donné l’occasion de m’imprégner de ces environnements et de mieux cerner les enjeux stratégiques et géopolitiques qui leur sont inhérents. L’occasion aussi de comprendre en quoi la communication d’influence peut être un levier pour contribuer à bouger les lignes, faire évoluer les perceptions et faciliter l’atteinte d’un objectif visé.
La seconde, je dirais que c’est l’ouverture sur le monde. Le fait d’avoir pu travailler à l’international avant de venir en Afrique me permet, tout en étant parfaitement consciente des réalités du continent, de ses populations et de ses territoires, de mettre à profit ma compréhension des standards les plus élevés. La rigueur dans la méthodologie est indispensable dans la manière d’appréhender les sujets, sur lesquels nous sommes amenés à travailler aujourd’hui.
Quelle a été votre expérience la plus difficile et qui a changé votre état d'esprit ?
Sans doute la crise économique que l’on vient de traverser, et dont on continue à ressentir les conséquences. Car quand une telle crise touche un pays voire un continent, elle n’épargne personne et bien souvent, la première chose que font les institutions et les grandes organisations, c’est de diminuer les budgets communication. Les relations publiques et la communication de manière générale sont encore trop souvent perçues, à tort, comme une simple variable d’ajustement.
Il faut maintenir le cap, les ressources et le capital humain, préserver les emplois et continuer les activités malgré les contraintes qui s’imposent à nous. J’ai compris qu’il n’y avait pas le choix, il fallait être en mesure de se réinventer. Rentrer dans une logique de résilience et réussir à combiner humilité et agilité pour réfléchir aux meilleures solutions, repenser des modèles que l’on pensait acquis et parvenir à s’adapter aux évolutions de notre environnement et des nouvelles contraintes qui en découlent.
D’après votre expérience, quel est le facteur clé de succès pour une femme entrepreneur dans un contexte interculturel ?
Ne jamais rien lâcher et avoir confiance. Tout ne sera pas facile et ce qui pourra paraître simple et accessible au début ne le sera peut-être pas indéfiniment. Mais quoiqu’il arrive, je suis persuadée que le travail finit toujours par payer et que les femmes doivent s’imposer par leurs compétences.
Il est aussi important de savoir prendre un certain recul et de ne pas se précipiter pour prendre des décisions, se donner le temps d’aborder et de traiter les sujets de manière sereine. Croiser les informations, apprécier les facteurs que l’on peut observer dans l’immédiat et anticiper ou gérer ceux qu’on ne voit pas forcément mais que l’on doit aussi prendre en considération. Appréhender chaque événement avec discernement et confiance. En tout état de cause, il faut rester serein : ce qui doit arriver arrivera. Et lorsque l’on en prend conscience, cela règle beaucoup de problématiques que l’on pensait pourtant insurmontables.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux femmes et aux jeunes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat ?
Osez ! Osez déconstruire, osez créer, osez impulser. Les seules limites sont celles que l’on s’impose. Ne laissez personne vous dire que vous êtes trop jeune pour créer une entreprise, ou que votre projet ne peut pas voir le jour parce que vous êtes une femme ou un homme né dans le mauvais quartier. J’ai créé ma première société lorsque j’avais 19 ans. Certes, elle n’a pas marché sur le long terme, mais c’est grâce à ce premier projet entrepreneurial, et les enseignements que j’en ai tiré, que j’ai pu ensuite fonder Global Mind Consulting - qui fête aujourd’hui ses dix ans d’activités sur le continent et à l’international.
Aussi, sachez vous entourer et vous nourrir des compétences et des réseaux d’autres professionnels. Il existe énormément d’initiatives sur le continent, certaines même portées par les états. Rien qu’au Sénégal, je pense entre autres à la Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), ou encore au Women’s Investment Club (WIC). Au Gabon, tout récemment, Women in Africa a lancé avec le groupe international Eramet le programme « Femmes d’Avenir », un accélérateur de l’entrepreneuriat féminin soutenu par le gouvernement. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur ces initiatives qui accompagnent, à la fois sur le financement et la structuration de projets innovants, portés par des entrepreneurs dynamiques.
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